Je vous présente une autre de mes fanfictions qui s'intitule Enigma, en voici le premier chapitre.

Bonne lecture




Enigma


Une tendre caresse frôle son visage.Il ouvre un oeil ,la lumière du jour qui filtre par l'entrebaillement des doubles rideaux lui fait comprendre que l'heure est déjà bien avancée.La soirée poker d'hier soir s'est prolongée très loin dans la nuit, trop loin.Il se retourne à la recherche de son réveil.


"-Pousses-toi de là Pupuce!"


D'un geste brusque,il déplace le chat qui vient juste de le réveiller à la quête d'un calin matinal.Les aiguilles annoncent neuf heures quinze minutes.


"-Oh non! Pas encore! Il va me tuer! Vite mes habits!"


Il saute de son lit , attrape le pantalon et le T-shirt qu'il portait la veille et qu'il enfile, ou du moins tente d'enfiler dans la précipitation, sautillant en passant une jambe puis l'autre.Il se heurte à la table de son séjour, ne voyant plus où il va avec la tête encore à l'intérieur de son maillot dont il n'a pas encore réussi à passer le col.Il attrape ses chaussures qu'il a laissé sur la chaise dans l'entrée et passe sa porte qu'il peine à fermer à clef, jonglant entre son trousseau et les deux baskets qui passent de main en main.Une fois verrouillée, il entame une course contre la montre dans les rues, d'abord pieds nus puis petit à petit chaussé au fur et à mesure de ses acrobaties pour finir de se vêtir.Après son gymkana effréné dans le dédale du petit village qui jouxte le Sanctuaire , il arrive enfin en vue de la maison de son maître .Sans frapper , il pénêtre dans la pièce principale et s'arrête net, essouflé , à la recherche de tout l'oxygène qu'il pourra inspirer pour récupérer. Quelque soit l'endroit où l'on pose les yeux dans cet endroit sombre, on ne peut voir que des livres empilés ou côte à côte, au sol , sur des étagères , sur les meubles. Aucun espace n'est épargné par cet invasion excepté le petit bureau juste au fond de la pièce et devant lequel est assis un vieil homme aux longs cheveux aussi blancs que la lumière émise par la lampe qui éclaire son espace de travail et qui est la seule source de clarté de cet antre.Sans se retourner et toujours appliqué sur le parchemin qu'il étudie, il s'adresse à son disciple:


"-Quelle sera ton excuse cette fois-ci? Et puis non, peu importe de toute façon.Tu n'échapperas pas à une punition aujourd'hui."


"-Maître , veuillez encore m'excuser de mon retard.Quelque soit votre décision, je m'y plierai."


"-Depuis le temps que cela doit être fait, c'est toi qui aura la lourde tâche de faire l'inventaire des carnets mensuels de 1900 à 1950, soit environ 600 livres à trier, vérifier, répertorier et ranger dans l'ordre.Rends-toi immédiatement à la grande bibliothéque et n'en ressors qu'une fois la sanction accomplie."


Obéissant sans attendre , il ressort et rejoint le bâtiment qui garde la mémoire du Sanctuaire d'Athéna depuis des temps immémoriaux.Il se dit qu'il a bien mérité cette punition mais ne peut s'empêcher de grommeler à l'idée de devoir éplucher des milliers de pages où ne sont répertoriés que la comptabilité courante des fournitures nécessaires à la vie courante.



C'est ainsi que Lucas, jeune apprenti de Victor, lui même bibliothéquaire des archives du Sanctuaire,chargé de la conservation, de la restauration et de la mise à jour de tous les documents qui s'y trouvent , est devenu l'un des acteurs d'un des plus grands secrets du Sanctuaire.Lors de cette tâche ingrate, il a fait une découverte qui a changé sa vie à tout jamais.

E.



Voilà plus de quatre heures qu’il parcoure les rayonnages de l’immense bibliothèque dans des allers- retours incessants , à la recherche des fameux carnets qu’il doit inventorier. Au fur et à mesure des consultations, de remises en place hasardeuses selon l’étourderie ou tout simplement la paresse de l’emprunteur qui remet n’importe où le volume dont on se demande d’ailleurs pourquoi on a ressenti le besoin de parcourir les colonnes interminables de chiffres . Encore un petit effort , quelques mètres et il pourra enfin se libérer de ce poids , de cette énorme pile qu’il maintient difficilement en équilibre grâce à son menton qu’il appuie au sommet de cet amoncellement si poussiéreux qu’il a un mal fou à ne pas éternuer à chaque respiration. Enfin , voilà la table où il s’empresse de déposer son fardeau. Plus qu’une dizaine de bouquins à retrouver et le long travail de classification pourra débuter .Quel malheur aussi que cet incendie qui a , à la fin des années cinquante , détruit les fiches où étaient enregistrés le rangement exact de chaque livre. Quel destin!En constatant la situation où il est en ce moment , c’est ce qu’il lui passe par la tête , lui qui était venu dans l’espoir de devenir chevalier et qui se retrouve en rat de bibliothèque , apprenti d’un vieux bougon dont le seul centre d’intérêt est le livre, dans tous les sens , aussi bien de sa fabrication que de son contenu .Il passe son temps sur ce sujet que ce soit dans la réparation , la restauration , la conservation que de leur archivage. Lorsqu’il ne travaille pas sur eux , il les lit. Tel un puits sans fond, il n’est jamais rassasié, il passe la moindre seconde de son temps avec un bouquin sous les yeux. Ce bon vieux Victor ne sait que parler de son sujet préféré. Il est comme un poisson dans l’eau contrairement à lui ,Lucas, qui est resté en quelque sorte sur la berge d’un océan de bonheur. Ce jeune homme de seize ans, du haut de son mètre soixante quatorze ,cheveux blonds en courte brosse , yeux bleus fait un peu tâche d’encre dans cet univers. Depuis qu’il est petit et aidé par le décor de monastère du quatorzième siècle où il a grandi , il a toujours rêvé de preux chevaliers. Ils étaient au centre de leurs jeux, de lui et de ses amis de l’orphelinat Saint François . Il a pris connaissance de l’existence des Saints par la diffusion à la télévision des combats du Tournoi Intergalactique. Il a tout de suite accroché, les valeurs que défendaient ces nouveaux héros modernes collaient tout à fait à ses idéaux. En trois jours, sa décision était prise , il a quitté son travail d’apprenti- boulanger à Paris et du haut de ses quatorze ans, il a tout abandonné et est parti sur les routes avec son baluchon, direction Athènes. Il n’a même pas pris le temps de dire au revoir à ses compagnons de l’institution où il a toujours vécu . Après quelques jours de trajet, il a atteint son objectif, la vieille ville hellénique .Il a passé quelques semaines dans les rues à dormir sous les cartons, les ponts, les porches, mendiant pour subsister volant par moment, jusqu’à entendre finalement parler du Sanctuaire par les bruits courants dans ce milieu marginal. Il a fini par trouver un sésame pour y accéder. En soudoyant un fournisseur de denrées alimentaires contre quelques heures de travail au noir, il a pu se dissimuler dans un chargement à destination du lieu sacré. Il s’est évidemment fait prendre par un des gardes qui l’a chassé mais en lui indiquant ironiquement qu’il pourrait peut être trouver du travail au village de Rodorio , un travail à la hauteur de ses « énormes talents » de chevalier. Il l’a pris au mot et s’est rendu à cet endroit tout proche où il a effectivement été embauché. Cela fait maintenant deux ans qu’il occupe ce rôle de larbin pour son maître Victor. Pour ainsi dire sa situation n’a pas changée ,il est toujours apprenti dans un métier ingrat , aux ordres d’un homme au mauvais caractère et qui ne voit en lui qu’un exutoire pour ses coups de sang. Il se console tout de même un peu car malgré tout il approche de près son rêve , la chevalerie d’Athéna .Il connaît leur histoire, leurs faits d’armes. Il touche du doigt le mythe qu’ils représentent .Par moment il peut entendre les éclats de bruits des entraînements de ceux qui ont réussi à pénétrer ce nirvana qu’il ne peut que rêver. Il a le son mais pas l’image , frustration on ne peut plus grande pour lui qui ne peut qu’imaginer ce qu’il ne peut voir, se basant sur ce qu’il a pu lire, se faisant réalisateur d’un péplum à la hauteur de ses espoirs déçus .Il est comme les domestiques dans les châteaux forts au Moyen Age, restreints à accomplir les basses œuvres dans l’entourage des grands , tâches nécessaires au bon fonctionnement de la place forte mais cantonnés à évoluer à la périphérie , ne pouvant approcher mais entendant le brouhaha d’une vie trépidante mais inaccessible. Il ne peut mieux comparer sa situation , enfermé qu’il est dans ce bâtiment qui se trouve à la bordure du domaine sacré. Seules les personnes subalternes viennent y chercher ou y amener des documents. Aucun chevalier à sa connaissance n’y a plus mis les pieds depuis des lustres. Assez rêvassé, il est temps de revenir à la réalité et de terminer sa tâche. Un dernier voyage et voilà réuni l’ensemble des carnets de la première moitié du vingtième siècle. Un long et lent travail de classement commence. D’abord par année, puis pour chaque année par ordre chronologique dans les mois .Une cinquantaine de piles identiques finissent par envahir les trois mètres de la table qui lui sert de plan de travail. D’un geste de la main sur toute la largeur de son front et d’un grand soupir, il annonce sa satisfaction et son soulagement d’en être enfin venu à bout .L’examen minutieux de chacun des exemplaires peut commencer. De longues heures d’étude attentive page après page, à la recherche de dégâts , de défauts , de preuves d’humidité, de tout outrage dû au temps, s’accumulent. Plus qu’une vingtaine et il pourra enfin aller dormir .Il n’aura plus à se battre avec ses paupières qui ne demandent qu’à tomber. Soudain un détail lui saute aux yeux malgré la fatigue. Cette ligne, ce n’est pas la première fois qu’il la voit. Plutôt inattendu comme fournitures. Ca aurait pu passer inaperçu mais c’est au moins la quatrième fois qu’il la retrouve. Piqué de curiosité , il reprend certains livrets et après vérification c’est à six reprises au cours de la même année que cet achat plutôt incongru à été répertorié par l’économe de l’époque. Il place les bouquins en question l’un à côté de l’autre afin d’essayer de comparer, de trouver une explication. Même article, même quantité et même prix, la seule chose qui change c’est la date. Quoique…après un petit calcul , les dates aussi sont soumises à une logique, l’écart entre chaque est identique. Trop harassé pour poursuivre un raisonnement qui explique tout cela ,il laisse tomber , se disant que le plus gros est fait et que Victor passera sur cet inachèvement étant donné l’ampleur au départ. Il prend la direction de la sortie , laissant le tout en plan. Il attrape son manteau au passage et sort dans l’air plutôt frisquet de la nuit grecque. L’heure est déjà très avancée , seule la lueur blanchâtre de la Lune dévoile par des jeux d’ombres le décor qui l’entoure. Il finit par arriver devant la porte de sa modeste demeure et s’apprête à introduire sa clef quand un grand fracas se fait entendre à l’intérieur.

Lucas: « - Qui est là? Répondez!… »

N.



Le réveil sonne , cette fois il ne sera pas en retard.Pas comme hier.Il s'expulse du lit immédiatement et arrête l'alarme stridente.Il la cherche dans toute la chambre, sans succès.Cette foutue bestiole lui a fait une peur bleue hier soir.Dés qu'elle a entendu qu'il touchait la porte ,elle s'est précipité du haut de l'étagère où elle dormait, la déséquilibrant et la faisant tomber dans un grand fracas.Il était sur les nerfs , fatigué ,alors quand il a entendu ce bruit, il a été effrayé.Il s'est dit que ce qu'il venait de découvrir avait mis sa vie en danger et que quelqu'un l'attendait donc, prêt à le torturer afin d'apprendre ce qu'il savait.Il a ouvert sa serrure très lentement puis s'est collé au mur extérieur de son habitation et du bout des doigts il a poussé la porte.Rien d'autre que Pupuce n'est sorti de l'entrebaîllement, lui lançant un miaulement et un regard attendri.Il a poussé un grand soupir, l'a attrapé et l'a caressée en se disant:"Sale bête!".Après un repas frugale mais nécessaire ,il s'est immédiatement couché.


Le voilà désormais reparti pour une journée normale avec cours ennuyeux avec Victor sur le travail manuel de calligraphie le matin et l'aprés midi à l'école du village.Aucun mot de la part du "bougon" comme il le surnomme au sujet de la punition de la veille, comme si hier avait été ordinaire.De son côté, Lucas n'avait que ça en tête,cherchant à comprendre ce que signifiait tout ça.La dispersion dans toute la bibliothèque, la destruction des fiches, on dirait que tout a été fait pour qu'on en mette pas le nez dans ces registres d'intendance.Il se dit que s'il a raison, ce qu'il a trouvé ne doit être que la partie visible de l'iceberg.Il se prend au jeu et décide qu'il ménera son enquête.Dès ce soir, il y retourne pour poursuivre ses investigations.

Il ne se rend pas compte que son attitude absente est attentivement observé par quelqu'un.


Ce qui est dit est fait et il passe donc de nouveau la soirée à la bibliothèque , les yeux attentivement plongés dans ces archives.Au bout de trois heures, il termine enfin avec une grande déception dans le coeur car peu de choses ressortent.Il n'a rien trouvé de particulier jusqu'en mille neuf cent vingt et un où commence des achats insolites mais irréguliers pendant trois ans enregistrés sous des noms latins compliqués comme celui qui a attiré son attention la veille, des produits en petites quantités, de provenances diverses.Cela reste régulier et s'étend jusqu'en mille neuf cent quarante quatre où subitement tout s'arrête.Il note ces noms étranges qui ne correspondent à rien de ce qu'il connait.


Le lendemain,il reprend le rythme normal de sa vie, terminant le dur et patient travail de calligraphie avec son maître en matinée et les mathématiques en classe l'après-midi.Durant le cours, il n'arrive pas à se concentrer sur autre chose que sur la liste qu'il a dressé, il ne cesse de la regarder, de la déplier,de la relire .A quoi peuvent bien servir ces produits? Il a beau les retourner dans tous les sens dans son esprit, rien n'en ressort.Son attitude et son expression inquiète capte l'attention de Sarah.Cette jeune fille aux longs cheveux noirs et aux yeux émeraudes est assise derrière lui , du côté fenêtre alors que Lucas est côté allée.Depuis la rentrée de cette année ,elle le guette dans l'espoir secret d'accrocher un regard, d'attirer l'attention de celui qui a fait sursauter son coeur la première fois qu'elle l'a vu ce frais matin de septembre dernier.Depuis il est au centre de ses pensées et elle se dit que ce serait l'occasion idéale, elle décide de se lancer.De plus elle s'inquiète elle aussi car celui qu'elle aime n'étant pas bien, elle aussi est mal à l'aise.Alors que la sonnerie retentit, elle ose enfin adresser la parole à celui qui ne lui a jamais parlé que pour les formules de politesse.


Sarah:"-Lucas? Quelque chose ne va pas? Je te vois inquiet depuis tout à l'heure."


Lucas:"-Rien de bien grave.C'est ce petit bout de papier.Un travail pour mon maître Victor."( c'est la premiére justification qui lui vient à l'esprit afin de ne pas dévoiler la réalité.)


Il le tient entre le pouce et l'index tout en l'agitant comme un pêcheur le ferait avec un appât.Sarah n'y résiste pas et l'attrape d'un geste vif qui surprend Lucas qui réagit trop tard.


Lucas:"-Non!"


Sarah:"-Tu t'intéresses aux plantes?" dit-elle en consultant les quelques mots griffonés.


Lucas:"-Des plantes!", d'un ton étonné et accompagné d'une tape sur son front pour se blâmer de ne pas avoir compris cette évidence.


Sarah ,qui glousse devant ce geste :"-Oui, ce sont les noms scientifiques de plantes.Ma grand-mère est passionnée de botanique et cultive un grand jardin.Depuis toute petite, je l'aide à s'en occuper.Elle posséde de nombreux livres sur ce sujet."


Lucas:"-Que fais-tu ce soir?"


Sarah, désarçonnée par cette question plutôt inattendue:"-Ce soir?"


Lucas, voyant monter le rouge aux joues de la jeune fille et cherchant donc à dissiper tout doute sur ses intentions:"-J'aurai besoin d'aide et tes connaissances pourraient être utiles pour mes recherches.Si tu es libre ce soir, je te propose de me rejoindre au café de la petite place.Nous en discuterons devant un bon petit repas."


Sarah n'arrive pas à organiser ses idées,elle reste muette quelques secondes avant de lui répondre.


Sarah:"-Avec plaisir! Donnons nous rendez-vous à dix neuf heures dans le parc public juste à côté.J'aménerai quelques livres de ma grand-mère.A tout à l'heure!"


Le coeur léger et plein de joie ,elle prend son sac et sort en courant de la salle de classe ,laissant Lucas seul et dans ses pensées .Elle ne pensait pas obtenir un tel résultat, un rendez-vous, leur premier rendez-vous.Une multitude d'idées traverse son esprit sur sa tenue, son parfum,....si peu de temps pour se préparer. Lucas aussi est heureux,d'abord parce qu'il a avancé et il peut désormais construire des théories: simple jardinage, médecine par les plantes, sorcellerie peut être même.Cette derniére idée l'enthousiasme car elle évoque en lui une part de merveilleux qu'il était venu chercher il y a deux ans sans vraiment la trouver.Et puis il se dit qu'au moins si cela ne débouche sur rien, il aura au moins l'occasion de sortir avec une très belle jeune fille.A son tour , il quitte l'école.


Oui, Sarah est vraiment très belle, se dit-il en rentrant d'un pas léger vers sa piteuse masure.

I.



Premières heures, seul, sur les marches de l'institution Saint François, dans une épaisse couverture.

Premiers mois, seul, dans un berceau, au milieu de plusieurs autres, dans une pièce où seuls les pleurs insistants faisaient venir une des soeurs.

Premières années, seul, dans une chambre exigue avec quelques meubles et très peu de jouets.

Son existence peut se résumer à un mot: solitude.Depuis sa naissance, il l'a toujours été, seul.Installé dans ce sentiment, il s'est construit un monde intérieur qu'il a protégé par d'épais remparts.Il est comme un cactus planté en plein désert, une épaisse écorce, de grosses épines, ne prenant que le minimum nécessaire à sa subsistance.Et voilà que dans cet espace sec et aride un superbe papillon au doux nom de Sarah est venue de poser à son contact, apportant avec elle tout un cortége de sensations nouvelles ,d'odeurs enivrantes, de couleurs chatoyantes, lui ouvrant les perspectives d'un monde lointain dont il s'est toujours tenu à l'écart.Il a déjà connu une telle sensation, lorsqu'il est tombé sur cette vitrine de la rue où se trouvait la boulangerie qui l'employait comme apprenti.Un mur de téléviseurs allumés diffusait les images des combats du Tournoi Intergalactique.Il retrouvait devant ses yeux des héros semblables aux chevaliers de la Table Ronde, la légende d'Arthur, une des seules histoires qui l'ait jamais touché, découverte dans les livres, un des seuls refuges et lieu d'évasion qu'il se permettait, encore dans la solitude.Ce possible bonheur l'a vite fait déchanter et à de nouveau reconstruit sa carapace, plus épaisse encore.


Il sort de ses pensées et pose son regard sur l'horloge.Plus qu'une heure, il ne lui reste que soixante minutes pour se préparer et se rendre au jardin public.Comment dois-je m'habiller? C'est la question qui revient sans cesse dans son esprit.Il fouille dans sa commode, sa penderie, en sort différents vêtements qu'il jette sur son lit.Son petit manège est attentivement suivi par Pupuce qui est tranquillement assise sur son bureau, ne lâchant pas de ses pupilles oblongues les déplacements de son maître, tapotant lentement le bois d'un battement de sa queue.De multiples couleurs sont mélangées sur ce qui ressemble à un champ de bataille.


Lucas:"-Que me conseillerais-tu?"


Cette question s'adresse à son animal de compagnie qui oscille la tête de droite à gauche et inversement, ne comprenant pas ce que veut son maître.Lucas se rend compte du ridicule de la situation: demander des conseils vestimentaires à un chat......Son stress s'en retrouve décuplé car attisé par une sorte de honte.


Lucas:"-On dira relax et passe partout."


Son choix se porte donc sur un pantalon de toile de couleur créme avec un maillot à manches courtes blanc.Un rapide regard dans le miroir et il s'élance vers son rendez-vous.


Lucas arrive le premier au parc, il scrute et cherche du regard Sarah et ne la trouve pas.Soudain, il sursaute , une étrange sensation venant d'électriser son bras.C'est elle qui vient d'y poser ses doigts.Il se retourne et découvre le visage souriant de la jeune fille, amusée qu'elle est par ce tressautement .D'un regard vertical ,il la détaille mentalement.Elle a coiffée ses cheveux en chignon, porte une longue robe blanche et un châle multicolore sur ses épaules.Ses yeux s'arrêtent sur la grande besace qu'elle porte à son côté et qui semble lourdement chargée.Sarah le remarque.


Sarah:"-Oui, ce sont les livres de ma grand mère Lucia."


Lucas:"-Dirigeons-nous vers le café.Nous nous occuperons de cette corvée plus tard.La soirée est à nous.Profitons-en."


Sarah, heureuse à l'idée que c'est elle et pas son aide qui retient l'attention de Lucas, accepte avec joie.Ils rejoignent la terrasse qui se trouve de l'autre côté de la rue et prennent place à une table .Lucas prend soin d'écarter la chaise et d'inviter Sarah à s'asseoir la première.Cette touche de galanterie est très apprécié par la jeune fille.Une fois appelé le garçon et choisi sur le menu ce qu'ils allaient consommer, la discussion s'engage sur leurs histoires personnelles.Sarah explique qu'elle a été élevée par sa grand mère maternelle car sa mère est morte en la mettant au monde.Elle n'a jamais connu son père car il s'est séparé de sa mère avant qu'elle naisse.Elle ne sait même pas si il connaît son existence.Elle ne possède aucune photo de lui car d'après Lucia ,sa grand mère, toute trace de lui a été effacé par sa fille à son départ.Elle considére donc sa grand mére comme sa maman.Lucas explique à son tour qu'il est orphelin lui aussi mais qu'il n'a pas eu la chance de connaître un membre de sa famille.Sarah, émue par cette révélation, pose sa main sur celle de Lucas qu'il a laissé sur la table et lui fait comprendre par un sourire et un regard qu'elle compatie. Il recule légérement sa main et croise ses doigts avec ceux de Sarah.Ce moment de complicité naissant est dérangé par le serveur qui amène l'entrée froide.Le repas se déroule de la même façon, complice et joyeuse, fait de sourires, de rires, de regards tendres.Les deux jeunes gens laissent germer cette graine d'amour que leur rencontre vient de créer.Le temps passe et la nuit avance.Après avoir réglé l'addition, Lucas propose de la raccompagner jusqu'à chez elle.Elle accepte avec un bonheur non dissimulé à l'idée de prolonger ce moment à deux.Leurs pas sont lents et presque oisifs, aucun des deux ne voulant accélérer.Après de longues minutes , ils finissent par arriver devant la demeure de Lucia.Le temps de se quitter est venu.Elle lui donne le sac qui contient les précieux bouquins et alors que Lucas approche son visage de la joue de Sarah afin d'y déposer une chaste bise, celle ci lui saisit à pleines mains et le surprend en déposant un tendre baiser sur ses lèvres et s'enfuit immédiatement en courant vers la porte d'entrée qu'elle ouvre précipitamment et se retourne pour lancer:"A demain, mon amour...." avant de la refermer.


Lucas ,encore sous le bonheur de cette sensation inconnue et nouvelle, s'en retourne chez lui.

G.



Lucas se réveille en pleine forme après une superbe nuit passée à faire de doux rêves romantiques mais aussi quelques uns moins avouables dont l'effet matinal le fait sourire.La clarté du jour perce entre les rideaux, annonciatrice d'une magnifique journée, la première d'une nouvelle vie aux possibilités enthousiasmantes.Il est comme un cheval à qui on a toujours mis des oeillières et qu'on vient juste de lui enlever.Sa fougue et son entrain se libère, il est prêt à se lancer à plein galop dans ces grandes et vertes prairies qui viennent de s'ouvrir à lui.L'autre point qui le rend si enthousiaste ,c'est qu'il en sait enfin un peu plus sur ce qui le préoccupe depuis quelques jours.Dès son retour, hier soir, il s'est plongé dans les trois volumes de l'encyclopédie botanique que lui a confié Sarah.Non seulement pour satisfaire sa curiosité piquée au vif depuis qu'il a mis le doigt sur ce mystère qui n'en est peut être pas un mais également parce qu'il peut rester ainsi un peu en contact avec Sarah par cet objet qu'elle a sans doute déjà longuement feuilleté.

Il ne lui a fallu que quelques minutes pour faire la liste complète des plantes.Voici ce que donne les noms communs qu'il a recopié à côté de chaque nom en latin:

-aethusa cynapium=petite cigue

-chelidonium majus vulgare=chélidoine

-helleborus foetidus=héllébore fétide ou pied de grifon

-hyofeyamus niger=jusquiame noire

-aconitum lycoctonum=aconit tue loup

Le principal point commun de tous les articles qui y sont rattachés est la précision que toutes ces plantes étaient utilisés comme ingrédients par les alchimistes.Lucas s'est alors rapellé qu'il y a un livre sur ce thème qui reste toujours à côté du bureau de Victor.Il lui suffira de lui demander de pouvoir le consulter.

La joie au coeur, il sort de chez lui et rejoint l'atelier de son maître.Il lui pose la question dès son arrivée , à peine franchi le seuil et dit le bonjour.


Lucas:"-Maître, pourrai-je vous emprunter ce livre sur l'alchimie?"


Il montre de l'index un épais volume qui porte sur sa tranche en fines lettres d'or "Traité général de l'alchimie" .


Victor:"-Et pourquoi en aurai tu besoin?"


Lucas:"-Pour un devoir scolaire, mon professeur m'a demandé de faire un exposé sur ce sujet."


Victor:"-Je veux bien te le confier mais je te demanderai d'en prendre grand soin car il appartenait à mon père.Il est très précieux pour moi car c'est l'un des seuls souvenirs qui me reste de lui."


Cette révélation surprend Lucas car il n'aurait jamais imaginé cela de lui.Ce grognon invétéré qui ne sait qu'agresser ses contemporains aurait donc un coeur.Lucas sourit intérieurement à cette pensée .De plus à son souvenir jamais il n'a entendu parlé de ce paternel, Victor y fait allusion pour la première fois.Il s'ouvre à son élève, comme si c'était un besoin pour lui.


Victor:"-J'ai perdu mon père dans de tristes circonstances.Il était à cette place avant moi.C'était lui le bibliothécaire du Sanctuaire à l'époque.Ce bouquin, il me l'avait confié en me faisant jurer d'en prendre grand soin.J'aimerai donc que tu respectes la promesse que je lui ai faite en choyant cet objet."


Lucas à qui Victor tend la précieuse relique la saisit.Le maître ne le lâche pas.


Lucas:"-Je vous fait la même promesse ,Maître.Faites-moi confiance."


Victor libère sa prise et Lucas la range délicatement dans son sac.


Lucas:"-Je vais immédiatement le déposer chez moi avant d'aller en classe."


Durant son retour chez lui, un puzzle s'assemble petit à petit dans son esprit: un bibliothécaire, des livres dispersés méticuleusement dans sa bibliothèque, livres qui concernent des achats de produits pour l'alchimie, un livre d'alchimie qui appartient à ce bibliothécaire, tout s'assemble parfaitement!


Lucas:"-Il faut que je me renseigne sur le père de Victor, il est la clé de mon énigme!"


Le jeune homme dévie sa route et se rend immédiatement à la bibliothèque afin d'y consulter les registres municipaux de Rodorio qui y sont également stockés.Heureusement pour lui, il connaît l'âge exact de Victor et peut donc en déduire son année de naissance qui est mille neuf cent dix neuf.Il retrouve donc rapidement l'acte de naissance de son maître et les informations qu'il y découvre donne un tout autre sens à son enquête.




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M.



Lucas relit la fiche de naissance de son maître:il est né en 1919 de Isaac et Katia.Cette dernière est née en 1890 et décédée en 1968.Il est écrit également qu'elle était la servante d'un chevalier de haut rang sans précision exacte sur son nom et son titre.C'est la partie concernant Isaac qui retient plus particulièrement son attention, en effet celui ci est né en 1890 mais est mort en 1944, l'année où justement les achats de plantes se sont arrêtés.Cela confirme donc son hypothèse que c'était bien Isaac qui est au coeur de tout ce mystére.De plus un chevalier , assez important semble-t-il pour que son nom ne soit pas mentionné au côté de celle qui a travaillé pour lui, vient de s'ajouter au puzzle de plus en plus vaste et donc encore plus passionnant à terminer.La vie si terne qu'il s'était résigné à poursuivre aux frontières du Domaine Sacré est en train de s'enflammer , tel un cosmos naissant d'un jeune Saint de la déesse Athéna.Gonflé par tout cela, il n'a pas pris garde à l'heure et se rend compte qu'il risque de manquer le début des cours.Il se précipite donc vers son école , le ventre vide mais l'esprit plein et rassasié.


Il arrive pile à l'heure et à juste le temps de s'asseoir avant que la sonnerie ne retentisse et que le professeur entre.Il se retourne et fait un clin d'oeil complice à Sarah qui est comme d'habitude assise juste à la table derriére lui.Le cours se déroule normalement , juste dérangé au bout d'un moment par de petits jeux de contacts taquins et joueurs sous les tables , Sarah s'étant déchaussée et s'amusant à faire glisser sa peau nue sur les mollets de Lucas, déclenchant chez le jeune homme des sursauts brusques.Cette petite joute enflamme les sens de l'adolescent et déclenche bien malgré sa volonté une certaine réaction physique qui lui fait monter le rouge aux joues.D'un coup d'oeil vers Sarah , il lui fait comprendre qu'il faut qu'elle arrête.Cela déclenche un fou rire chez elle , ce qui attire l'attention du professeur qui leur demande ce qui se passe.A son tour , le visage de la jeune fille tourne au rubicond, elle ne sait plus où se mettre.Toute la classe voyant la gêne des deux amoureux libérent à son tour un grand rire.Il faut quelques minutes pour que le calme revienne et que la leçon reprenne son cours normal.Lucas en veut à Sarah de les avoir mis dans cette situation et lui adresse un regard très désapprobateur qui fait baisser les yeux à la jeune fille.L'après midi se termine dans un grand calme entre les deux.


A la fin de l'école, Sarah veut se faire pardonner et propose donc à Lucas de manger à nouveau ensemble le soir même, elle l'invite donc chez elle.Il lui dit que ce sera l'occasion de lui ramener les livres et de remercier sa grand mère d'avoir accepté qu'il les emprunte.Il lui dit que cette aide lui a été très utile et efficace.

Le soir arrive, Lucas s'est mis sur son trente et un, il avance vers la porte de la maison et appuie sur la sonnette.C'est la grand mére de Sarah qui ouvre.


Lucas:"-Bonjour Madame."


Lucia:"-Lucia, mon petit, appelles-moi Lucia."


Lucas:"-Bien Mada....,euh ... Lucia."


Lucia:"-Voilà qui est mieux."


En disant cela , elle lui fait un clin d'oeil.Elle continue en se lançant dans une petite enquête.


Lucia:"-Alors que fais ce beau jeune homme dans la vie?"


Elle lance une oeillade complice à sa petite fille qui vient juste de les rejoindre dans l'entrée , alertée de l'arrivée de son amour lorsqu'elle a entendu la sonnerie du carillon.


Lucas:"-Je suis l'apprenti du bibliothécaire,Victor.Cela fait deux ans qu'il m'apprend son métier, la réparation, l'entretien, la conservation des vieux manuscrits ainsi que tout ce qui concerne la gestion de sa bibliothèque."


Lucia:"-Ce cher vieux Victor, comment va-t-il?Toujours aussi casse-pied."


Lucas est plutôt surpris mais se dit que c'est normal que dans un si petit village les gens se connaissent.Il se dit qu'il pourrait en apprendre peut être un peu plus en continuant cette conversation.


Lucas:"-Je vois que vous le connaissez bien.Oui, il a toujours son mauvais caractère et d'après ce que j'entends, je ne suis pas le seul à en avoir subi les remous."


Lucia:"-Ne lui en veut pas trop.Le pauvre est ainsi depuis presque toujours.Enfin, plutôt depuis la mort de son père."


Lucas:"-Son père? Il m'en a déjà parlé mais sans me donner de détails."


Lucia voulant rendre service à son vieil ami Victor, se dit qu'il vaudrait mieux qu'elle explique au jeune homme le pourquoi du comment.Ainsi Lucas pourra mieux comprendre son maître, cela améliorera sûrement leur relation.


Lucia:"-Isaac, son père, a été fusillé en 1944 par l'occupant allemand.Mais malheureusement personne n'a jamais vraiment su pourquoi il a été exécuté de façon aussi sommaire.Cela a déclenché beaucoup de rumeurs, certains l'accusant de collaboration et d'autre le louant comme résistant.Soit il est mort en héros dans ce dernier cas, soit avec l'infâmie dans l'autre cas.Victor a toujours cru en son père , pour lui il ne pouvait être que résistant mais il a du faire face pendant de nombreuses années aux ragots et aux commentaires de tous, ce qui l'a aigri dans son caractére."


Lucas:"-Merci de ces infos, vous me rendez un grand service.Je serai plus indulgent avec lui à l'avenir."


En prononçant ses mots, il l'a remercie aussi bien pour ses bonnes intentions que pour l'avancée qu'elle a donné sans le savoir à son puzzle, encore une pièce de plus.Sarah a suivi la conversation avec délectation et en silence, voyant que le courant passait bien.Elle intervient alors.


Sarah:"-Tu vas me rendre jalouse, Grand Mère.Lucas, entre donc....."


Une soirée pleine de promesses s'ouvre: un bon repas, une bonne compagnie, et qui sait.......

A.




Sarah,Lucas et Lucia se retrouve autour de la table où sont au menu des plats typiquement grec:des feuilles de vignes farcies en entrée,du souvlaki (brochettes d'agneau) comme plat principal et des oranges amères au sirop en dessert.Un pincement au coeur s'installe petit à petit, au fur et à mesure que le malaise que déclenche la prise de conscience de tout ce dont il est passé à côté à cause de son renfermement sur lui même depuis tant d'années.La très bonne ambiance dans laquelle se déroule le repas dissipe peu à peu ce mal être.Il baigne dans une douce chaleur.Le temps passe et la nuit est déjà très avancée quand la soirée se termine.Sarah propose alors à Lucas de rester dormir, demandant par là même l'accord de sa grand mère.Lucia accepte à la seule condition que Lucas dorme dans la chambre d'ami.Etant donné que le lendemain est le jour de repos au village, Lucas et Sarah n'ont aucune obligation.Après avoir indiqué où se trouve la pièce où il pourra se reposer, Sarah embrasse tendrement son amour en lui lançant d'une voix douce:"Fais de beaux rêves." Lucas lui retourne la phrase et referme la porte.Il dépose le sac avec ses livres qu'il n'a pas encore pris la peine de rendre et se met directement au lit.Il ne s'endort pas tout de suite, il laisse vagabonder son esprit.Il fait le point de ces derniers jours et ressent un grand bien être.Sa vie s'est emplie en un rien de temps , de grands horizons se sont ouverts à lui, tant sentimentalement que dans son travail.La triste existence qu'il menait jusque là est maintenant derrière lui.

Il commence à tomber dans les bras de Morphée lorsqu'un drôle de bruit résonne.Il se demande d'où cela vient avant de comprendre : il reconnaît le bruit caractèristique et familier (Soeur Marie Hélène qui s'endormait toujours en surveillant la salle d'étude à Paris) du ronflement de celui qui dort du repos du juste.Il ne peut retenir un petit fourire en comprenant que c'est Lucia qui produit ce retentissant tintamarre qui traverse les murs.Alors qu'il se laisse replonger dans le sommeil, la porte s'entrouve , laissant apparaître le visage de Sarah.


Lucas:"-Sarah?"


Elle pose son index sur ses lèvres pour signifier qu'il faut faire silence, pénètre dans la chambre à la grande surprise de Lucas.Elle porte un long T shirt blanc qui lui fait office de robe de nuit.Le contre-jour de la lumière du couloir dévoile les formes généreuses de la jeune fille.Elle éteint cette éclairage plutôt coquin en refermant la porte derrière elle.


Lucas, avec une voix chuchotante:"-Enfin Sarah,que fais-tu là?"


Sarah:"Je veux seulement dormir avec toi.En tout bien ,tout honneur."


Lucas:"-Tu n'y penses pas! Ta grand-mère! Elle va nous tuer si elle te trouve ici!"


Sarah:"-Tu es chez moi et tu dois donc te plier à ma volonté."


Lucas ne sais que penser, pris entre deux feux, celui de ses hormones et celui de sa raison.Il n'a pas le temps de prononcer un mot de plus que Sarah se glisse dans le lit et pose lentement sa joue droite sur la poitrine musclée du jeune homme, posant sa main gauche sur l'épaule gauche de Lucas.


Sarah:"-Endors toi ,mon chéri."


Il passe à son tour son bras droit autour d'elle qui , dans sa position, entend parfaitement le battement accéléré de son coeur par la peur et la surprise revenir petit à petit au calme.


Lucas:"-Dors bien ,toi aussi."


Les amoureux s'endorment paisiblement, enlacés tendrement.



Cette nuit sera celle du bouleversement du destin du jeune garçon, le voile se levant soudain

sur une destinée hors du commun.Voici quelques éléments de compréhension.


Enigma est le nom du système de codage des messages de l'armée allemande durant la seconde guerre mondiale mais c'est également le nom d'une section spéciale des services secrets allemands.Le but de ce service était de chercher, de développer, de mettre au service de leur Fuhrer tout pouvoir paranormal.Presque chaque compagnie de la Wehrmacht a pour consigne de signaler tout fait qui entre dans ce domaine.Lors de l'invasion allemande en 1941 du territoire grec, plusieurs messages sont parvenus au chef de cette section.Pris séparément, ils relatent des faits qui pourraient passer pour anodins: légende sur un homme invincible grâce à une armure qu'il porte que des villageois annoncent comme leur sauveur; un magicien qui se téléporte à volonté; un enfant qui en se battant avec des "grands" de son école s'est enflammé spontanément et a grièvement blessé ses adversaires, comme boosté par ce feu, il s'est d'ailleurs éteint sans laisser aucune trace de brûlure sur le corps; un lieu légendaire où personne ne peut pénétrer et auquel on attribue de grands trésors mythologiques.Tout cela est signalé dans un périmètre plutôt restreint dans les environs d'Athénes.Le commandant de la section Enigma donne alors l'ordre à une section de se rendre sur place.Le Sanctuaire est resté silencieux et étranger aux évènements car c'est une guerre qui n'est pas sainte et le fait que Athéna ne s'est pas réincarnée annonce qu'aucun dieu n'est impliqué.La section localise petit à petit un lieu très précis, le fameux Domaine Sacré.Quelques soldats tentent d'y pénétrer et sont facilement défaits par un homme portant une armure et entouré d'une espéce d'aura lumineuse, ses déplacements sont tellement rapide qu'on dirat qu'il se téléporte.Cela confirme l'intérêt du lieu et donne de la véracité aux informations déjà réunies.Un système d'espionnage est alors mis en place et révèle des allées et venues régulières entre le Sanctuaire et la bibliothèque du village qui jouxte ce lieu."Enigma" pense alors que c'est là qu'il faut essayer de s'infiltrer.Le pére de Victor est alors approché sous un faux prétexte.Un jour, un historien se disant venir de l'université d'Athènes fait son apparition dans les rues du village.Il dit faire des recherches et veut consulter les archives du village.Il prend donc contact avec Isaac et obtient son accord pour accéder à la bibliothèque.Petit à petit, l'espion qu'il est récolte des informations et tisse une fausse amitié avec lui.En quelques semaines, Isaac se confie à lui et lui parle de ses recherches en alchimie.Isaac était un passionné de sciences, de religions et de tout ce qui fait la connaissance humaine.Son but était le savoir ,universel et total.C'est ce qui l'a poussé à devenir le responsable de la bibliothèque du Domaine Sacré, il s'est ainsi retrouvé au coeur du lieu rêvé pour un affamé tel que lui.Il se retrouvait avec un accès privilégié à un savoir presque divin.Il s'est très vite plongé dans l'alchimie, ayant une base de travail d'une valeur extraordinaire.Il explique donc que depuis une vingtaine d'années , il fait des expériences mais que par faute de moyens, il avance très lentement.En effet , sous prétexte de besoin pour la restauration des livres, il achète des produits requis dans sa recherche.L'agent voit là le moyen de retirer un bénéfice et propose donc d'aider aussi bien financiérement que matériellement l'alchimiste amateur.Celui-ci accepte et après le départ du faux historien ,une relation épistolaire soutenue s'installe entre les deux hommes, l'espion revenant régulièrement avec ce que lui a demandé Isaac comme fournitures, ainsi que quelque menue monnaie.Puissamment aidé par ce soutien, les mois qui suivent voit de très gros progrès et les résultats ne tardent pas à arriver.L'espion fait régulièrement son rapport et récupère certaines découvertes qu'ils s'empressent de transmettre à ses supérieurs.Isaac est plus que grisé par le pouvoir qu'il commence à emmagasiner et finit par franchir la ligne rouge et libére les plus terribles sorts dont l'Ars Magna qui a pour but de transformer l'alchimiste en une sorte de surhomme au pouvoir quasi-illimité.Il ne peut s'empêcher de faire part de cette découverte à son complice qui voit là l'arme ultime.En cette année 1944, l'armée nazie arrive à bout de souffle et l'Ars Magna est plus que nécessaire à la victoire tant recherchée.

A son passage suivant, l'espion ne vient pas seul.Une section l'accompagne et veut se saisir d'Isaac.Lorsque celui-ci les voit, il comprend son erreur et il s'enfuit afin de se soustraire à eux.Il n'est repris que trois jours plus tard sans que personne ne sache ce qu'il a fait et où il s'est caché.Soumis à la torture, il résiste et ne révèle rien.Pour faire l'exemple, tous les habitants de Rodorio sont réunis et obligés d'assister à l'éxécution par les armes du bibliothécaire.Une femme et son fils assiste à ce terrible spectacle, il s'agit de Katia et de Victor qui tient trés fermement contre lui le livre que lui a confier quelques jours auparavant son père qu'il voit tomber sous ses yeux sous les tirs nourris d'armes automatiques MP40.Sa maison ainsi que tout ce qu'elle contient est incendiée par les mains couvertes du sang paternel.




Lucas est réveillé par une lueur qu'il pense être la lumiére du jour et découvre avec stupeur que c'est Sarah qui est en l'origine.Elle se tient droite au bout du lit et est entourée de ce qui ne peut être qu'une aura de cosmos d'un vert émeraude.Elle tient dans ses mains le fameux livre d'Isaac ouvert qu'il a amené hier soir avec les autres bouquins qu'il est venue rendre.Une lumière intense rayonne de ce livre, éclairant en contre jour les traits inexpressifs du visage de la jeune fille.


Sarah:"-Moi, Séshat, te rapelle à la vie mon époux."


En même temps qu'un puissant flash lumineux s'échappe du livre, Lucas ressent une terrible douleur dans tout son corps qui , à son tour, se met à dégager une puissante cosmoénergie aux reflets rubis.Il perd connaissance et quitte le fil des évènements.